La terrasse du café et ses déesses (doublage allemand) – Épisode 21 – Mère et fille

« Les silences qui peuvent faire fuir l’hypocondrie »

Les coursiers de la ville rythment leurs passages en bordure du Japon moderne, tandis qu’une histoire se dessine sous les feux des lampadaires nocturnes. Riho, étoile montante de la télévision japonaise, reçoit l’offre d’intégrer le cast d’un drame critique. Elle doit apprendre à traverser les lignes du script pour donner vie à un personnage complexe, sous la direction rigoureuse de son réalisateur préféré.

Tandis qu’elle s’enfonce dans les règles du jeu scénique, un individu singulier s’invite dans les murs de Familia, un établissement aux décors sombres et aux conversations virent. Il y pénètre, revêtu d’un noir criant et de lunettes de soleil teintes de mystère, puis s’assoit seuls pendant six longues heures. Les occupants du lieu, les régents de la famille Matsui, sont aux abords de l’anxiété. Ami, l’une des épouses les plus sensibles de la famille, s’en doute et essaye de faire fuir ce suspect étranger, sans obtenir de réponses convaincantes. Mais Riho revient de son éthérée réhearsal, les sens aux aguets, et voit l’individu qui continue à flâner sans distraction. Son regard perçoit les détails minimaux, comme un brin de cheveu déplacé, ou un papier soulevé. Son esprit, acquis aux intrigues narratives, ébauche déjà un roman policier, mais un autre type d’enquête se dévoile.

Les moments silencieux qui se sont étirés deviennent l’apanage du personnage de l’homme en noir, à qui Riho finit par accorder une présence énigmatique. Elle voit à travers les vitres les ombres qu’il laisse derrière, des silhouettes que nul ne semble s’inquiéter. Au fil des minutes qui se comptent en minuteaux, Riho réalise que l’étranger ne cherche pas à être vu, mais plutôt à ne pas être noté. Il éclipse tout le reste, érodant les certitudes du groupe. Pourquoi choisir Familia pour une seule visite, pourquoi demeurer si longtemps et pourquoi ne pas faire semblant de ne rien entendre? La confiance dans les faits semblerait désertée.

Les enquêteurs de la série que Riho interprète au cinéma peuvent analyser les scènes de crime avec autant de précision qu’elle. Mais le thriller de la vie quotidienne déborde de règles, et la mise en scène est maîtrisée par personne. Les scènes de la nuit à Familia deviennent la toile de fond de sa propre enquête. Sous les feux des réverbères, la télévision japonaise va bientôt lancer sa nouvelle série. Pour l’instant, l’hypocondrie peut déjà faire fuir le sens critique. Qu’attendent-ils pour intervenir? Qui attend quelque chose? Riho envoie un signal fort dans le noir : ne compte pas sur moi pour l’oublier. L’homme en noir devient le premier élément d’un écheveau de questions. Qu’attend-il, à tout prix?